Publié le lundi 3 juillet 2023

Nous sommes les soulèvements de la terre

Mercredi 21 juin 2023, le gouvernement a prononcé la dissolution des Soulèvements de la terre, un mouvement écologiste qui rassemble des organisations et des personnes engagées contre l’accaparement des terres et pour la protection du vivant. 

Les soulèvements de la terre visent, dans leur manifeste, “le marché capitaliste et ses institutions qui, après avoir privatisé les communs, précipitent aujourd'hui le ravage de la biodiversité, le bouleversement climatique et l'atomisation sociale”. Ils rassemblent des femmes et des hommes qui n’entendent simplement pas se résoudre à  “contempler la fin du monde, impuissant·es, isolé·es et enfermé·es chez nous.

Engagé⋅es depuis 18 ans pour une transition énergétique locale, citoyenne et solidaire, nous sommes révolté⋅es par cette décision qui est une attaque injustifiable à la liberté d’expression, d’opinion, d’association, de manifestation, aux droits humains, aux droits à l’eau et à l’alimentation et aux droits de l’environnement. Sans parler des droits de la défense qu’une telle dissolution administrative met à mal.

La ficelle utilisée, qui compare ces résistants à des terroristes, est grosse. Elle ne sert qu’à légitimer l’utilisation d’un arsenal répressif dérogatoire au droit commun, démesuré, pour museler celles et ceux qui ne font que mettre en lumière l’inaction climatique coupable du gouvernement.

En effet, nos dirigeants en plein déni climatique, préfèrent bâillonner un élan de révolte légitime contre un dérèglement climatique de plus en plus palpable que d’agir contre la destruction du vivant. 

Qui est coupable ? Ces femmes et ces hommes d’action qui ne réclament rien de plus que la justice climatique et sociale ou ce gouvernement qui protège des intérêts capitalistes écocidaires ? 

La question de la violence, agitée en appui de cette décision, est un chiffon rouge. 

Les luttes contre les grands projets destructeurs des communs ne peuvent que monter en intensité au gré des manifestations du dérèglement climatique et de l’inaction publique. 

Depuis 1995, date de la première COP, ni les objectifs fixés, ni les engagements pris n’ont permis de réduire nos émissions de CO2 et la part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial est restée à peu près stable. Que faire dès lors ? Quels modes d’actions permettront d’infléchir la donne ? Qu’est-il urgent de faire quand la situation est chaque jour plus critique et que les Etats brillent par leur inaction ?

Comme ces femmes et ces hommes aujourd’hui empêchés d’échanger, d’agir nous ne resterons pas immobiles à observer l’effondrement. La révolte gronde et on ne dissout pas une révolte.

Edit du 10 novembre 2023 : Soulagement pour les soulèvements !

Le Conseil d’État a annulé hier, jeudi 9 novembre, la décision de dissolution des Soulèvements de la Terre. La haute juridiction a conclu que cette dissolution n’est ni nécessaire, ni adaptée, ni proportionnée et qu'aucune provocation à la violence contre les personnes ne peut être imputée aux Soulèvements de la Terre.

Enercoop salue cette décision qui est un véritable soulagement  et souhaite, dans un contexte  politique enclin à criminaliser les militant⋅es écologistes, que la désobéissance civile puisse continuer à s’exprimer. Tout reste en effet encore à faire. Des projets écocidaires et inadaptés aux enjeux climatiques et écologiques continuent de voir le jour. La transformation systémique et radicale de nos modes de vie, de consommation et de production est encore lointaine.

Alors, au boulot, on a un monde à changer !

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