Pl’Ain d’Énergie, un réservoir de réalisations citoyennes

Le collectif citoyen Pl’Ain d’Énergie et Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes ont signé en 2025 une convention de partenariat pour développer l’énergie photovoltaïques dans l’Ain. Rencontre avec Éric Cavanne qui appelle à plus de démocratie dans les EnR et nous montre comment à leur échelle Pl’Ain d’Énergie expérimente une transition positive et solidaire.
Parle nous de ton collectif citoyen Pl’Ain d’Énergie
La raison d’être du collectif
Ce collectif est un moyen de passer de la parole aux actes, de montrer l’exemple, ne pas attendre que les choses se fassent, il est la preuve de ce que vaut l’impact du collectif.
Nous avons commencé en 2018 en créant une association, qui existe toujours qui s’appelle ACERPA. L’idée c’était de faire sur du local collectivement : en y mettant ce que chacun essaie de faire de manières diverses – comme de faire des actions avec ses élu·es, ses collègues, les membres d’une équipe municipale…
La volonté première est de décliner ce qui existe à l’échelle locale à l’échelle territoriale, c’est-à-dire plus vaste que son village. Tout de suite, on a expérimenté sur une communauté de commune car l’énergie se raisonne sur un territoire.
Pourquoi se polariser sur l’énergie ? Car elle est transversale, elle intervient sur beaucoup de domaines. Parler de la transition écologique, c’est une façon de dire qu’on peut agir sur ses déplacements, l’alimentation mais le dénominateur commun c’est l’énergie et comment l’utiliser de façon plus intelligente.
La création du collectif, autour du solaire
L’association ACERPA voit le jour en décembre 2018, rapidement elle rassemble plus de 50 adhérents ! On a d’abord essayé de voir ce que l’on peut faire, sur quel domaine nous lancer : chauffage au bois, isolation… On souhaitait faire quelque chose de concret et en 2020 on était prêts pour capitaliser sur les complémentarités de l’équipe. Puis on a vu ce que fait Énergie Partagée, cela nous a permis de nous rapprocher de l’association des centrales villageoises, de là est née la société Pl’Ain d’Énergie.
L’intérêt pour le photovoltaïque est arrivé très tôt car cela mobilise des capitaux réduits pour débuter, alors on a commencé modestement, avec une installation sur une école à Douvres– et puis on a multiplié les installations avec les équipes municipales.Nos projets sont développés principalement sur le territoire de la Communauté de Commune de la Plaine de l'Ain, mais aussi sur celui de la Communauté de Commune Rives de l'Ain Pays du Cerdon.
La clé c’est de trouver une équipe, un maire qui veut bien partager ce projet et qui est là pour relayer tout ce qu’il y a à faire, en plus de la technique, comme la mobilisation des acteurs du territoire pour l’adhésion !
Ensuite, nous avons basculé sur une nouvelle forme juridique : la coopérative. Ce statut coopératif est loin d’être un hasard !
Nous voulons répondre à l’exigence légitime de « je veux voir à quoi sert mon argent », « je veux pouvoir décider de ce qui est fait avec mon argent »car nous considérons que tout le monde a le droit de donner son avis, de venir à l’assemblée générale, au conseil d’administration. Tout le monde est admis pour voir comment on travaille et être bénévole.

En 3 ans nous avons investis plus de 500 000 euros, et ce grâce aussi au soutien de la communauté de communes La Plaine de l’Ain. En effet à chaque fois qu’un citoyen met 1 part dans le capital, la communauté de commune prend 1 part aussi. C’est un partenariat écrit et signé. Depuis, 50 000 euros de leur part ! Donc un grand merci 😉.
Nous avons réalisé 5 installations, à chaque fois plus importante par rapport aux autres, dans les villes de Saint-Denis en Bugey, Ambérieu-en-Bugey, Serrières-de-Briord : 1 sur un tennis et 1 autre à la maison de retraite.
Le partenariat avec Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes
Nous raisonnons sur le long-terme et cette première grappe de projets photovoltaïques en toiture est une etape
Alors pour la suite, nous nous tournons vers d’autres types d’installations, comme l’auto-consommation collective (ACC). Nous avons un premier projet que nous avons mené à Cleyzieu où l’ex-fruitière accueille une centrale 36 kWc qui alimente en ACC la mairie, la salle des fêtes, la station de pompages et 25 foyers. Ou bien on s’ouvre sur d’autres modèles avec des installation plus importantes, au-dessus de 200 kWc par exemple. Dans ce cas-là on vise des installations au sol ou des ombrières mais elles nécessitent plus de capitaux ainsi que des savoir-faire particuliers.
Donc nous avons cherché un partenariat avec une structure à-même de développer en ayant les mêmes valeurs citoyennes. Enercoop Auvergne-Rhône-Alpes nous a paru parfaite, déjà parce que beaucoup d’entre nous connaissent et sont déjà clients.
Depuis le partenariat, bien sûr que l’on a de la suite dans les idées 😉.
On aimerait que la prochaine étape sur Cleyzieu soit un parc PV en ACC, afin que tous les habitants aient accès au solaire et puissent dire « j’ai des installations près de chez moi et j’en profite ! ». Notre accord raisonne aussi sur plus petites installations, des 300 à 500 kWc en bénéficiant de petites surfaces dégradées telles que des friches.
J’ai appuyé ce partenariat car nous sommes complémentaires. Nous avons les contacts avec les élus, accès à des informations du terrain que l’on remonte pour qu’elles soient étudiées par vous, Enercoop AURA qui êtes outillés. Nous notre atout c’est notre connaissance fine des personnes, des relations privilégiées et l’écoute !
Pour la gouvernance citoyenne des énergies
Il y a plusieurs aspects d’acceptabilité des énergies renouvelables.
Sur le plan macro, chez Pl’ain d’Énergie on a toujours défini notre action POUR et on cherche une collaboration plutôt que contre la production d’une énergie autre, comme le nucléaire. Nous sommes dans une logique paysanne dans un territoire rural, on avance pour et pas contre.
Les timings des installations liés aux choix énergétiques ne sont pas comparables. : De beaux exemples existent avec le solaire en Allemagne, les éoliennes en Écosse. On a besoin de plus d’autonomie rapidement en limitant la dépendance de l’étranger.
Ensuite, sur le plan micro, l’objectif que nous portons est que ces installations PV profitent à celles et ceux qui en ont « la nuisance » : pour certains c’est une pollution visuelle ou autre… l’énergie doit venir du territoire qui l’utilise. On remarque que lorsque les gens sont considérés, peuvent en parler, se sentent écoutés, les freins tombent plus facilement car les points de vue et les intérêts communs émergent. Les retombées positives doivent profiter à celles et ceux qui sont en première ligne. On ne cherche pas le 100 % d’accord mais une adhésion consentie et comprise avec un cadre qui permette d’exprimer les désaccords.
Les personnes qui investissent sont bien plus ouvertes aux désagréments, tout le monde doit pouvoir dire « je suis ok avec tel type d’installation, de telle provenance » il faut que ce soit un consensus sur le choix technologique.
Pl’Ain d’Énergie en ce moment et dans l’avenir
Pour le moment nous n’obtenons pas les résultats souhaités car la période est difficile, alors on attend de voir comment 2026 se profile. On a le canevas, les outils, quels types de communes seraient bien pour nous. L’autre facteur ce sont nos choix qui se mesurent sur plusieurs années, donc ça prend du temps. La photographie à l’instant T n’est pas représentative.
On sait que l’on traverse une période un peu plus difficile pour l’écologie, car les mauvais exemples viennent de haut et de pays très puissants.
On est partis de très bas, mais c’est un mouvement de fond, une course de fond, l’important c’est qu’on soit de plus en plus à proposer ça à la nouvelle génération qui arrive : dans les familles, dans les écoles, dans les équipes municipales, c’est très utile pour le moral 😊 ! On a trouvé un domaine où l’on est capable de réaliser des choses concrètes, on voudrait aller plus loin dans d’autres aspects et que cette énergie solaire devienne une énergie bon marché pour combattre la précarité énergétique. C’est un nouvel axe de travail dans le collectif.








