L'autoconsommation collective projet de territoire pour Ferrieres-les-Verreries

À Ferrières-les-Verreries, une commune de moins de 60 habitants nichée sur le causse du Pic Saint-Loup, un projet d’autoconsommation collective voit le jour. Porté par le maire Christian Bourriague et soutenu par les habitant.es, ce projet de parc photovoltaïque mêle transition énergétique, éco-pâturage et participation citoyenne. Une aventure collective et pragmatique qui illustre comment les petites communes peuvent s’engager concrètement pour l’énergie durable.
photo @Laura Maurel Photographie
À Ferrières-les-Verreries, une petite commune du Pic Saint-Loup, l’autoconsommation collective devient un projet de territoire
Nichée dans les hauteurs du Causse de Pompignan, à quelques encablures du Pic Saint-Loup, la commune de Ferrières-les-Verreries, moins de 60 habitants à l’année, fait figure de pionnière sur son territoire.Elle s’est lancée depuis 2023 dans un projet d’autoconsommation collective d’énergie photovoltaïque. Une aventure locale, portée par la conviction du maire Christian Bourriade.
« Moi, je suis arrivé à ce projet d’abord par conviction, ensuite par opportunité », explique-t-il.
« C’est en rencontrant Enedis en 2022, puis en étant mis en relation avec ECLR Occitanie et Elsa d’Enercoop Languedoc-Roussillon, qu’on a commencé à comprendre que ce type de projet était possible pour une commune comme la nôtre »
Dès le printemps 2023, une série de réunions publiques est organisée dans le village. L’idée ? Proposer une alternative collective à la multiplication d’initiatives individuelles. Fédérer les habitants autour d’un seul et même outil de production d’énergie solaire. Un pari audacieux dans un village aussi petit. Mais un pari accueilli avec curiosité par une partie des habitant.es.
« On a constitué un groupe de 7 ou 8 personnes motivées, ce qui est déjà beaucoup à notre échelle. On a commencé à rêver d’un projet porté par les citoyens eux-mêmes, dans lequel chacun aurait investi directement. Mais rapidement, des questions d’équité ont été soulevées. Il a fallu revoir le modèle. »
Un projet local, mais réaliste
Aujourd’hui, le projet prend la forme d’une centrale photovoltaïque au sol de 300 kWc, implantée sur une prairie en friche, sans usage agricole depuis plus de 50 ans. Le terrain ne présentant aucune autre valeur d’usage, il a été choisi pour son potentiel solaire et pour préserver les terres agricoles encore actives ailleurs. Il sera maintenu en état naturel grâce à une pratique d’éco-pâturage.
« Le site a été validé par la DDTM (Direction départementale des Territoires) après étude d’insertion paysagère. On est entre l’Hortus et le Pic Saint-Loup. On ne voulait pas trahir ce paysage. »
Le modèle économique s’est aussi adapté à la réalité du territoire : financement bancaire classique à 80 %, participation ouverte aux habitant.es, et création d’une société citoyenne nommée Ferrières Énergie Partagée, moteur du projet. Le montage reste collectif, mais permet à chacun de contribuer à hauteur de ses possibilités.
L’autoconsommation collective comme lien entre habitants
C’est par le biais de l’autoconsommation collective, via une boucle locale de consommation, que les habitant.es pourront bénéficier de l’énergie produite. Une vingtaine d’intentions de participation sont déjà recensées, principalement de particuliers à la rentraite, plus présents dans la commune. Mais pour équilibrer le modèle, des consommateurs professionnels seront aussi intégrés à la boucle, afin d’absorber les périodes de production et garantir la viabilité économique.
« Si on ne prend que des particuliers, c’est difficilement tenable. Il faut que des structures pro assurent un socle de consommation. Ensuite, on embarque les habitant.es dans la boucle. »
La commune n’a pas de grands bâtiments publics pour s’inclure directement dans le dispositif, mais le rôle de la collectivité reste central dans la coordination et l’impulsion du projet.
Une dynamique collective, au-delà des chiffres
Porté par un maire devenu par la force des choses un élu engagé, après la disparition brutale de son prédécesseur juste après le confinement de 2020, ce projet est aussi un moyen de rassembler les habitants autour de quelque chose de concret et porteur de sens.
« Dans les petites communes, on peut vite tomber dans des querelles de clocher. Là, ça fédère. Même s’il y a eu de la résistance au départ et c'est normal quand on ne connait pas les tenants et les aboutissants »
C’est aussi la qualité de l’accompagnement qui a été déterminante : celui d’ECLR Occitanie, d’Enercoop Languedoc-Roussillon, et de leurs partenaires techniques. Des structures qui ont su vulgariser, expliquer, partager une expertise technique souvent perçue comme obscure.
« Ce qui m’a plu, c’est qu’on comprenait ce qu’on faisait. Il n’y avait pas de boîte noire. On nous a vraiment aidés à faire les bons choix, à comprendre la clé de répartition, à construire un modèle qui nous correspond. »
📣 Une tournée de réunions publiques pour embarquer d’autres villages
À partir du 22 juillet, une série de réunions publiques sera organisée dans les communes voisines, dans un rayon de 20 km, pour présenter le projet, mobiliser des participants à la boucle, et faire naître d’autres dynamiques locales. Une course contre la montre avant la période de réserve liée aux prochaines élections municipales, mais aussi un temps fort de communication et de pédagogie.
Ce projet démontre que, même dans les communes les plus rurales, la transition énergétique peut devenir un levier de lien social, d’autonomie et d’innovation locale, pour peu que l’on soit bien accompagné, à l’écoute des habitants, et ancré dans le réel.
Pour la première, rendez-vous le 22 juillet à 18h à Claret !