Publié le lundi 13 janvier 2020

Quoi de neuf chez les coopératives européennes de l’énergie ?

Le 13 janvier marque la journée européenne de l’énergie. Si l’énergie est un enjeu de souveraineté nationale, c’est un sujet qui transcende les frontières. Depuis plus de 50 ans, l'histoire de l'énergie est le reflet de l'histoire politique de l'Europe et de ses États membres. Au lendemain de la seconde guerre mondiale au travers des traités sur le charbon et l'acier puis sur l'énergie atomique, l'Europe a fait de l'énergie un de ses projets structurants afin de rendre la guerre entre européens "matériellement impossible".

Dans les années 1990, alors que de nombreux marchés sont encore sous monopole, l’UE et les États membres décident d’amorcer une libéralisation progressive du marché. Cela conduit notamment en France à l’ouverture du marché de l’électricité et la naissance d’Enercoop en 2005. En 2020, l’énergie reste un axe essentiel de l'UE pour honorer ses engagements dans la lutte contre les changements climatiques.

Aujourd’hui, Enercoop œuvre aux côtés d’autres coopératives aussi bien au niveau local qu’européen pour faire avancer et évoluer la situation.

Les REScoops : Kesako ?

Inspiré de ses voisins européens, le modèle de coopérative d’énergie renouvelable (ou REScoop) construit par Enercoop est aujourd’hui commun à des milliers d’initiatives citoyennes dans le monde et en particulier en Europe.

Fondées sur des valeurs communes de décentralisation et d’appropriation des enjeux énergétiques, les REScoops livrent un constat unanime sur les défaillances du marché de l’énergie et appellent résolument à

  • la fin d’un système énergétique centralisé et peu transparent dont les bénéfices sont très peu redistribués localement
  • la fin d’un modèle de consommation sans maîtrise ni traçabilité par le consommateur ou l’épargnant.

Or la question énergétique se pose depuis maintenant plus d’un demi-siècle au niveau européen et si l’on assiste depuis quelques années à une résurgence du nombre de REScoops, leur voix n’était que faiblement perçue face aux grandes entreprises qui portent un modèle énergétique révolu.

Les grandes étapes pour les coopératives européennes de l’énergie

En 2013, après plusieurs années de collaboration informelle, Enercoop et ses partenaires européens fondent la fédération européenne des coopératives d'énergie renouvelable REScoop.eu. Aujourd'hui, cette fédération compte environ 50 membres issus de 15 pays européens différents, et représente ainsi plus d’un million de citoyens, pour plus de 1500 coopératives impliquées dans la transition énergétique citoyenne.

Pendant plusieurs années, Enercoop et ses partenaires du projet européen REScoop MECISE ont travaillé ensemble au développement et au renforcement des projets citoyens d’énergie renouvelable en France, en Belgique, en Espagne et au Royaume-Uni. L’année dernière, Enercoop et ses partenaires ont officiellement annoncé la création de MECISE, « Mutual for Energy Communities Investing in a Sustainable Europe » (Mutuelle pour les Communautés Énergétiques Investissant dans une Europe durable). Cette coopérative européenne, aboutissement concret et pérenne du projet européen, a pour objet social de favoriser la transition énergétique européenne vers la démocratie énergétique.

Alors pourquoi Enercoop s’inscrit dans cette démarche alors que son action ne couvre que le territoire français ?

Le modèle de fournisseur coopératif d’énergie porté par Enercoop est unique en France. Or coopérer avec des structures similaires, bien qu’évoluant dans des contextes nationaux différents, représente une opportunité rare de solidarité et d’échanges entre acteurs non-concurrents sur des activités, des dynamiques économiques et des visions communes.

Cette collaboration a permis de donner de la visibilité à la dimension citoyenne, locale et coopérative de la transition énergétique européenne, visibilité qui a récemment porté ses fruits. En 2018 et 2019, deux directives issues du paquet législatif « Une énergie propre pour tous les Européens » de la Commission européenne ont en effet été adoptées et consacrent les notions de communautés d’énergie renouvelables (CER) et de communautés énergétiques citoyennes (CEC). Ces dernières confèrent un cadre juridique aux projets de territoires portés localement par des citoyens, PME et collectivités souhaitant s’impliquer collectivement dans la transition énergétique. Il peut s’agir de projets de production, de partage, de stockage de l’énergie, ainsi que des projets d’aide à la maîtrise de la consommation d’énergie. La gouvernance est encadrée strictement par les principes de l’économie sociale et solidaire, à savoir la gouvernance partagée et la lucrativité limitée.

Quels enjeux en 2020 ?

L’année 2020 sera marquée par le travail de transposition en droit français des règles et définitions encadrant les CER et CEC précédemment citées. Ce travail a été amorcé en 2019 par le biais de la loi Energie-climat mais doit être poursuivi et approfondi.

Concernant plus particulièrement la fédération REScoop.eu, notez que son Assemblée générale et la rencontre annuelle des coopératives européennes d’énergie renouvelable auront lieu en 2020 à Francfort du 23 au 25 avril.

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