Publié le lundi 31 janvier 2022

Quel futur énergétique en 2050 ?
Les travaux prospectifs de RTE, négaWatt et l'Ademe

Fin 2021, RTE, l’Institut négaWatt et l’Ademe ont publié des travaux prospectifs sur un mix énergétique décarboné à l’horizon 2050. Divers dans leurs approches, ils envisagent cependant tous un développement des énergies renouvelables (EnR) très soutenu, allant de 50 à 100 % du mix énergétique envisagé. Le nucléaire a lui un sort contrasté avec des projections envisageant une évolution allant de sa totale disparition (RTE, négaWatt) à 14 EPR supplémentaires (RTE). Les trajectoires de consommation sont variées, mais une constante qui favoriserait la sobriété s’établit entre 530 et 555 TWh.
Enercoop salue la richesse de ces travaux, et la place accordée au développement des EnR ainsi qu’aux efforts de sobriété et d’efficacité, en particulier dans le scénario négaWatt qui s’inscrit dans une démarche globale de soutenabilité. À présent, il est nécessaire que ces travaux nourrissent un véritable débat démocratique : les décisions cruciales qui concernent notre avenir énergétique doivent être prises avec les citoyens.

Depuis la révision de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 est fixé dans la loi. C’est un but ambitieux, qui nécessite de suivre une trajectoire claire dès aujourd’hui. Pour mieux l’envisager, trois organismes ont publié des travaux prospectifs dans les derniers mois : RTE (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité), négaWatt (association et institut rassemblant des spécialistes des énergies) et l’Ademe, l’agence pour la transition écologique. Leurs approches sont diverses et ces publications décrivent des scénarios très contrastés pour un futur à zéro émissions. Ce qui les rassemble, c’est avant tout la qualité et la profondeur de leur travail, qu’Enercoop salue. Voici un aperçu du contenu de ces 3 scénarios et une comparaisons.

RTE : 6 scénarios pour dessiner le mix énergétique

Le rapport de RTE, publié en novembre 2021, a été commandé par le gouvernement dès 2019. Il se concentre sur le mix électrique, avec une trajectoire de consommation médiane estimée à 645 TWh en 2050 (à titre de comparaison, la consommation électrique de la France s’élevait en 2019 à 473 TWh). Deux autres trajectoires doivent être publiées début 2022 : « sobriété » (555 TWh) et « réindustrialisation profonde » (752 TWh). Pour répondre à cette demande, RTE propose 6 scénarios de production différents. Dans tous les cas, les EnR sont incontournables, et composent 50 à 100 % du mix. Le nouveau nucléaire se développe dans 3 des 6 scénarios (jusqu’à 14 EPR). Dans son estimation des coûts, RTE estime que le scénario le plus intensif en nucléaire coûterait 20 milliards d’euros de moins que le scénario à 100 % d’EnR.

négaWatt : une approche plus systémique

Le scénario négaWatt, publié quelques jours plus tard, a une approche différente, et plus systémique. Il ne propose qu’un scénario à 100 % d’EnR, qui prend en compte non seulement la production énergétique, mais aussi l’agriculture, le transport, l’alimentation… Un scénario complémentaire, négaMat, est dédié aux matériaux. Il repose toujours sur ses trois piliers traditionnels : sobriété, efficacité, énergies renouvelables, qui sont également au coeur de l’identité d’Enercoop. Malgré une forte électrification des usages, la consommation diminue à 530 TWh grâce aux efforts de sobriété. Tous les réacteurs nucléaires sont à l’arrêt en 2045 au plus tard.

L'Ademe : un avenir 0 emission en 4 scénarios

Enfin, l’Ademe a livré en décembre 4 scénarios, qui se concentrent davantage sur les aspects économiques et sociaux d'un avenir à 0 émission, et qui ne détaillent pas à ce stade la composition du mix. Ils reposent respectivement sur des efforts de sobriété de la société (scénario « Génération frugale »), l'émergence d’une plus grande « Coopération territoriale », le développement des « Technologies vertes », ou la séquestration massive du CO2 (« Pari réparateur »). Dans tous les scénarios, la consommation finale d’énergie baisse par rapport à 2015, de 23 % à 55 %. Les EnR se développent massivement : elles couvrent de 70 % à 88 % de la consommation finale brute d’énergie (15 % aujourd’hui). Un scénario à 100 % d’EnR n’est pas envisagé, mais « Génération frugale » met l’accent sur les énergies citoyennes.

Ces travaux qualitatifs viennent enrichir le débat public, et confortent les efforts vers la sobriété et le développement des renouvelables, au cœur du projet de notre coopérative depuis près de 17 ans. Ils sont particulièrement accentués dans le scénario de négaWatt, dont nous partageons l’analyse et les objectifs. Dans la grande majorité des autres scénarios, les EnR sont appelées à se développer plus rapidement que leur rythme actuel pour assurer de 50 % à 100 % du mix. La sobriété et les efforts de réduction de la consommation, vers lesquels nous accompagnons nos clients et sociétaires, sont aussi mises en avant, et nous attendons la publication de la trajectoire « Sobriété » de RTE. Elle permettra de préciser les données, notamment concernant les coûts des différents scénarios.

Ces données sont et vont continuer d’être au cœur des débats actuels sur le mix énergétique français. Ils les enrichissent, et permettent à davantage de citoyens de se saisir de ces enjeux. Il est désormais essentiel que ce sujet, qui concerne tous les Français, donne lieu à un débat démocratique. C’est une décision collective, qui nous impactera tous pour les décennies à venir.

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